Grand Prix de la section « Un Certain Regard » au dernier festival de Cannes, Un homme intègre de Mohammad Rasoulof sort sur les écrans ce mercredi 6 décembre. À travers ce drame tendu, le cinéaste dresse un tableau implacable de la société iranienne en montrant l’étendue et les rouages de la corruption. En effet, trentenaire au visage fermé, Reza a décidé de quitter Téhéran pour s’installer avec sa famille à Rasht, au Nord du pays. Dans ce décor de nature, il s’occupe d’une ferme d’élevage de poissons rouges, symboles de vie et de renouveau, présents chaque année lors du printemps sur les nappes traditionnelles du Nouvel An iranien. Une compagnie qui souhaite racheter ses terres use de tous les moyens pour le contraindre à quitter les lieux avec sa femme, directrice d’école, et son fils d’une dizaine d’années. S’engage alors un combat de tous les instants entre Reza et la compagnie pour le maintien de son exploitation piscicole. C’est ce combat sans répit que nous montre le film qui ressemble à un piège redoutable où on ne distingue plus les victimes des mandataires secrets.
Dans sa volonté d’en découdre avec l’hypocrisie de la société iranienne, le cinéaste oscille entre l’ellipse et une description frontale. Le film qui est centré sur Reza multiplie progressivement les jeux de miroir pour montrer une réalité plus large au risque parfois d’obscurcir le récit dont les péripéties s’enchaînent rapidement dans les dernières scènes. Les seuls moments de paix sont ceux où Reza se retire dans les eaux d’une grotte thermale. Mais ce lieu paisible sera aussi celui du remords.