Grand Prix au Festival de Cannes 2021, Un Héros d’Asghar Farhadi sort sur les écrans ce mercredi 15 décembre. C’est la deuxième fois que le cinéaste retourne en Iran après avoir signé un long métrage en Europe. En effet, en 2016, Le Client succédait au Passé (2013), dont l’action se situait en France, comme ce nouvel opus suit Everybody Knows (2018), tourné en Espagne. Une alternance qui montre le statut international acquis par Farhadi, déjà lauréat de deux Oscars du meilleur film étranger et concourant avec celui-ci pour une troisième statuette en mars prochain.
On retrouve dans ce neuvième long métrage des éléments communs à tous ses précédents films : des personnages ayant leur part d’ombre et de lumière, une intrigue aux ramifications complexes, un temps décompté comme un sursis dès les première minutes. Incarcéré pour dette, Rahim retrouve lors d’une permission sa nouvelle compagne, Farkhondeh. La jeune femme, qui ne l’a pas revu depuis deux mois, lui remet un sac de pièces d’or qu’elle prétend avoir trouvé pour l’aider à payer sa dette. Après avoir consulté un joaillier, Rahim décide finalement de rendre le sac et devient aussitôt un héros grâce ou plutôt à cause des réseaux sociaux. Des doutes vont cependant apparaître remettant en cause sa sincérité.
Tournant avec des acteurs moins connus que ceux qui forment sa troupe depuis À propos d’Elly, Farhadi retrouve avec ce long métrage un milieu populaire qui n’était plus au coeur de son cinéma depuis La Fête du Feu. Le choix de la ville de Chiraz lui permet de confronter dès le générique les héros antiques de l’Iran, à travers les tombeaux des rois achéménides, avec l’éphémère héros incarné par Rahim qui aspire à une vie simple et dont le fils, Siavash, porte le prénom d’un personnage central du Livre des Rois de Ferdowsi, symbole d’innocence.
Un Héros ressemble à son protagoniste à la fois attachant et irritant. Le personnage du créancier, l’ex-beau-frère de Rahim constitue un apparent antagoniste incrédule et ombrageux, aux blessures enfouies, dont la fille, Nazanin, est interprétée par la propre fille du réalisateur. Dans une très belle scène, Rahim regarde ce père et sa fille comme l’image d’un bonheur sans apprêt, celui-là même qu’il aimerait trouver. C’est cette opposition entre la complexité et la simplicité qui donne au film son ton particulier.