Ce mercredi 19 juillet sort en salle Les Ombres persanes, thriller psychologique et politique de Mani Haghighi avec dans un double rôle Navid Mohammadzadeh et Taraneh Alidousti. Les deux acteurs avaient été réunis pour la première fois à l’écran dans Leila et ses frères de Saeed Roustaee, présenté à Cannes en 2022. Ils incarnent ici deux couples sosies, issus de deux milieux sociaux différents : Farzaneh et Jalal, Bita et Mohsen. Des références cinématographiques viennent nécessairement à l’esprit de Vertigo (1958) d’Alfred Hitchcock à Faux-Semblants (1988) de David Cronemberg, mais le film ne se limite pas à ces citations et continue à dispenser son mystère.
Les Ombres persanes est d’autant plus précieux qu’il s’agit du dernier long métrage à ce jour tourné en Iran par Taraneh Alidousti avant son arrestation et son interdiction d’exercer son métier pour avoir posté une photographie d’elle sans voile en soutien aux manifestations qui ont éclaté après le décès de Mahsa Jina Amini, le 16 septembre 2022.
La notion de schizophrénie a souvent été invoquée pour parler de la vie sous la République islamique où s’inventer un double semble inévitable pour survivre au milieu des interdits. Au questionnement intime du couple, le film mêle ainsi une réflexion sur la société iranienne. Quelle attitude doit-on adopter face à la réalité ? Le jeu des apparences peut-il effacer la vérité ? Le retour à la normale après un dérèglement n’est-il pas une illusion ? Au-delà du polar efficace, Les Ombres persanes invite à s’interroger sur un récit personnel et collectif en résonance avec l’actualité. Le film a été écrit par Mani Haghighi en collaboration avec le dramaturge Amir Reza Koohestani.