1939, Téhéran
2023, Karadj
Réalisateur, scénariste
Né le 8 décembre 1939 à Téhéran, dans une famille très religieuse de la classe moyenne, Dariush Mehrjui part aux États-Unis en 1959 pour étudier le cinéma et la philosophie à l’Université de Californie de Los Angeles (UCLA). Au terme de ses études en 1964, il lance une revue littéraire en anglais, Pars Review, avant de retourner en Iran en 1965. En 1966, il signe sa première réalisation, Diamant 33, une parodie des films de James Bond qui ne rencontre pas le succès. Il tourne par la suite des films ayant une forte dimension sociale en collaboration notamment avec l’écrivain, ethnologue et psychiatre Gholam-Hossein Sa’edi avec qui il conçoit La Vache (1969) et Le Cycle (1974). Après la révolution islamique de 1979, Dariush Mehrjui séjourne quelques années en France, où il réalise le docu-fiction Le Voyage au pays de Rimbaud (1983).
Outre le cinéma, il traduit en persan des ouvrages de l’écrivain français Eugène Ionesco et du philosophe marxiste allemand Herbert Marcuse. De retour en Iran, il triomphe au box-office avec Les Locataires en 1987. Puis il signe en 1990 Hamoun, une comédie noire sur les 24 heures de la vie d’un intellectuel angoissé par son divorce et ses inquiétudes intellectuelles, dans un Iran envahi par les entreprises technologiques Sony et Toshiba. Au cours de la décennie suivante, Dariush Mehrjui brosse des portraits de femmes dans les films Sara (1993), Pari (1995) et Leila (1996).
Film fondateur du « Cinema motefavet » (« Cinéma différent », nom donné à la Nouvelle Vague iranienne), La Vache lance la carrière cinématographique d’Ezzatollah Entezami et Ali Nassirian. On doit également à Mehrjui les débuts dans un rôle principal de Leila Hatami avec Leila en 1996 et de Golshifteh Farahani avec Le Poirier en 1998.
La Vache fut interdit pendant trois ans avant d’être présenté au festival de Venise en 1971 où il reçoit le prix de la critique internationale. Le Cycle n’a été montré qu’en 1978, après quatre ans de veto. En 2007, Santouri avec Golshifteh Farahani et Bahram Radan sera projeté qu’une seule fois avant d’être censuré. Le 6 mars 2022 après le retrait du visa de son dernier film La Minor, Dariush Mehrjui dans une vidéo s’en prend aux censeurs : « Je n’en peux plus. Je vais me battre. Tuez-moi. Faites ce que vous voulez. Détruisez-moi. Mais je veux mon droit. » Le film sera finalement autorisé après plusieurs coupes.
1/3 داریوش مهرجویی: در وزارت ارشاد تحصن میکنم
در پی جلوگیری سازمان سینمایی از اکران نوروزی فیلم سینمایی #لامینور تازه ترین اثر داریوش مهرجویی، این کارگردان بزرگ سینمای ایران را با تاکید بر اکران نوروزی و آغاز اکران از ۱۸ اسفند برای انتشار در انحصاراً اختیار بنده قرار گرفت pic.twitter.com/blHAKCE1C5
— Mahdi Khorramdel | مهدی خرم دل (@khorramdellll) March 6, 2022
Le samedi 14 octobre 2023, Dariush Mehrjui, 83 ans, et sa femme, Vahideh Mohammadifar, 54 ans, sont assassinés à coups de couteau à leur domicile de Karadj, près de Téhéran, après avoir été cambriolés et menacés quelques mois auparavant. Les circonstances du crime restent imprécises.