Ce mercredi 4 septembre sort en salle Tatami de Zar Amir Ebrahimi et Guy Nattiv. Situant son action durant le championnat mondial de judo féminin des moins de 60 kilos à Tblissi en Georgie, le film associe pour la première fois une actrice et réalisatrice iranienne à un cinéaste israélien.Tout en s’inspirant d’une histoire vraie, le récit résonne avec le parcours de Zar Amir Ebrahimi (qui incarne ici le rôle de la coach nationale Maryam, ancienne championne de judo) autant qu’avec le soulèvement « Femme, vie, liberté » qui éclata deux mois avant le tournage du film et trouve des échos dans les récents Jeux Olympiques de Paris 2024.
Construit à la manière d’un thriller, jouant sur la tension des combats et la pression des coulisses, Tatami est une oeuvre à la fois physique et psychologique dont l’intensité ne retombe jamais. Se tenant au plus près de la comédienne Arienne Mandi dans le rôle de la judoka Leila Hosseini, la caméra offre des plans renversants qui suivent les mouvements des prises, tournoyant dans les airs avant de se plaquer au sol. Dans un noir et blanc graphique, nous voyons la championne s’affirmer devant ses adversaires et contre sa fédération. En ignorant les paroles de son entraîneuse, elle refuse d’être prise en otage. Le film creuse la personnalités de deux femmes que sépare une génération et dont les destins vont basculer au cours d’une même soirée.
Le propos initial du film, la relation entre les athlètes israéliens et iraniens, est ainsi déplacé vers un sujet plus vaste : la relation des Iraniens à eux-mêmes. Venues « écrire l’histoire », les deux jeunes femmes accompliront leur objectif autrement que ce qu’elles avaient d’abord imaginé. S’il n’évite pas toujours un discours appuyé ni une accumulation des faits conforme au genre, Tatami n’en est pas moins une oeuvre frappante qui traduit le combat quotidien des iraniens pour leur liberté à l’intérieur et à l’extérieur du pays.