Actualités — 20 septembre 2016 at 23 h 36 min

Sortie en salle de « Soy Nero » (2016) de Rafi Pitts

13559093_910187729107427_1154771110355683338_oAvec Soy Nero, Rafi Pitts signe son premier film de fiction en-dehors de l’Iran.

Ce nouvel opus a en effet été tourné à la frontière mexicaine, à Beverly Hills et dans un lieu non-précisé évoquant aussi bien l’Irak que l’Afghanistan. On lit sur un panneau dans le désert « Nakodja », ce qui en persan signifie « non-lieu » et donc « utopie » mais aussi « No man’s land ». À travers ces déplacements géographiques, le film pose la question de l’identité et de l’exil.

Si l’influence du cinéma américain était déjà perceptible dans ses films précédents en particulier The Hunter, charge politique qui résonnait avec la réalité de l’Iran après la réélection contestée de Mahmoud Ahmadinejad en 2009, le cinéaste n’avait jusqu’ici jamais tourné aux États-Unis, excepté en 2003 le documentaire pour la série « Cinéma, de notre temps », Abel Ferrara : Not Guilty, hommage au cinéaste de Bad Lieutenant (1993) dont le regard implacable sur l’Amérique rejoint désormais celui de son homologue iranien.

1200x600En effet, à travers le destin de Nero, jeune mexicain, qui cherche à rentrer aux États-Unis pour retrouver son frère, le film interroge le rêve américain et son envers. Les deux frères Maldonado ont grandi aux États-Unis avant d’être expulsés. Si l’aîné a réussi à retourner en Californie, le plus jeune est régulièrement arrêté à la frontière.

À plusieurs reprises, le metteur en scène parvient à créer des images poétiques où la gravité le dispute à la légèreté. Ainsi cette partie de volley ball par-dessus la grille-frontière entre les États-Unis et le Mexique ou ces feux d’artifice qui semblent accueillir l’entrée de Nero aux États-Unis.

Par certaines scènes, Soy Nero rappelle les oeuvres antérieurs de Rafi Pits comme la chasse à l’homme dans le désert, écho de la fin de The Hunter. Le film n’en pose pas moins des questions liées à une situation personnelle et internationale nouvelles. La collaboration du réalisateur avec le scénariste roumain Razvan Radulescu qui a travaillé notamment avec Cristian Mungiu sur 4 mois, 3 semaines et 2 jours, Palme d’Or au festival de Cannes 2007, lui a permis d’approfondir ses propres thèmes et de livrer ce qui est sans doute son film le plus ambitieux et réussi.

On serait tenté de voir en Soy Nero, le pendant américain de The Hunter que le cinéaste avait déjà imaginé tourner en parallèle au film iranien. Tenant le rôle titre dans le premier, Rafi Pitts semble ici s’incarner en Nero, jeune homme volontaire dont aucun obstacle ne semble altérer la marche.

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