Repères — 20 mai 2012 at 0 h 58 min

Le jeu des 7 différences

Abbas-KiarostamiTroisième film distribué en France d’Abbas Kiarostami, Et la vie continue (1992) marque le point de départ de la reconnaissance internationale du cinéaste iranien. Où est la Maison de mon ami ? (1987) et Close up (1990) avaient, il est vrai, largement préparé le terrain amenant la critique à s’interroger sur une cinématographie que la Révolution et la guerre avaient fini par occulter. Le film reçoit le Prix Rossellini et Serge Daney peut s’exclamer : « Abbas Kiarostami, magnifique cinéaste iranien, nous fait beaucoup d’effet ».

Trois ans plus tard, Jean-Luc Nancy écrit « De l’évidence » pour la revue Cinémathèque, prologue à son livre L’Evidence du film(2001) qui poursuit sa réflexion sur l’œuvre du cinéaste iranien. Au cours de son entretien, le philosophe revient sur une image qui a retenu son attention, celle d’un vieil homme fumant la pipe – ou plus exactement la « chopoq ».Si Kiarostami lui révèle comment cette illustration s’est retrouvée dans son film, il n’en dit pas plus sur sa provenance. Il semblerait toutefois que cette affiche si iranienne soit en réalité française. En effet, le tableau s’inspire d’une photographie des Frères Lumières prise entre 1907 et 1909 et porte la signature de Kamal ol-Molk.

Fr-re-Lumi-re

On s’amusera à relever les changements apportés à la composition surtout en ce qui concerne la table si richement pourvue du côté iranien.

De Lumière à Kiarostami en passant par Rossellini, ligne droite – ou en zigzag – ce raccourci est en tout cas une manière de s’interroger sur les différences et les ressemblances entre la France et l’Iran. Mieux comprendre ces différences pour mieux combler les failles entre les deux cultures telle pourrait être l’ambition de ce site consacré à l’Histoire et à l’actualité du cinéma iranien.

Bamchade Pourvali