Critiques — 26 octobre 2013 at 17 h 46 min

« Jasmine » (2013) d’Alain Ughetto

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En 1978, Alain Ughetto tombe amoureux de Jasmine une jeune étudiante d’Aix-en-Provence alors qu’éclate la révolution qui bouleverse leur vie dans le pays dont est originaire la jeune femme, l’Iran.

Pour évoquer cette histoire, le cinéaste renoue avec une pratique qu’il avait délaissée : l’animation. Les figurines en pâte à modeler prennent vie sous ses doigts. Couleur sable pour lui, couleur eau pour elle. Des blocs de polystyrène représentent les immeubles sous un ciel étoilé. Nous sommes dans le monde du conte. Les aérogrammes, – ces courriers où la lettre et l’enveloppe ne font qu’un – se transforment en tapis volants rapprochant Paris de Téhéran.

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Des images d’archive accompagnent le récit. Dans l’une d’elles, le Shah déclare accepter la démocratie. « Nous allons vous copier », dit-il aux journalistes français. Mais il est déjà trop tard. Des turbans noirs couvrent le ciel de Téhéran et une nouvelle dictature se prépare.

Si l’on pense parfois à Folon en voyant le film, c’est que le cinéaste parvient à nous replonger dans une époque, celle des années 70, empreinte de poésie et de mélancolie ; sentiment renforcé par les différents extraits musicaux qui traversent le film.

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Le récit peut se voir comme une traversée des trente dernières années au rythme des nouveaux moyens de communication. Dix ans après la révolution, Jasmine reprend contact avec l’auteur. Si les amants ne se retrouvent pas à ce moment-là, c’est que nous sommes à une époque qui précède le téléphone portable. Vingt ans après, c’est un autre moyen de communication qui les rapprochera, l’Internet, au diapason des manifestations de 2009.

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Au final, le film renoue le fil d’une histoire autant que d’une révolution donnant à entendre un cœur qui bat, celui des amants, et d’une histoire, celle de l’Iran. « Rien n’a changé, écrit Jasmine, les gens reprennent les mêmes slogans qu’il y a 30 ans ». Persepolis de Marjane Satrapi montrait une fleur de jasmin traversant les âges pour arriver à l’aéroport d’Orly. À sa manière, Jasmine continue cette histoire et montre le pouvoir de l’animation pour rendre compte d’une histoire autobiographique de manière juste et pudique.

Bamchade Pourvali