1934, Téhéran, 1967, Téhéran
Poétesse, réalisatrice
Forough Farrokhzad – que les Iraniens ont pris l’habitude d’appeler par son seul prénom Forough qui signifie “ étincelle ” – est une des figures majeures de la poésie contemporaine iranienne. Deuxième fille d’une famille de sept enfants, qui compte trois filles et quatre garçons, son père, Mohammad Farrokhzad, est colonel. Après une jeunesse difficile, elle se marie en 1950 avec Parviz Chapour. Le couple divorce en 1955. La jeune femme ne reverra plus son fils unique, Kamyar, dont la garde est confiée au père.
Son premier recueil de poésies, La captive, est publié en 1955. On y ressent la forte influence de Fereydoon Moshiri, de Nader Naderpour et de Fereydoun Tavalalli. Ses recueils suivants sont Le Mur en 1956 et Rébellion en 1958. C’est au cours de l’année 1958 qu’elle rencontre Ébrahim Golestan, écrivain et cinéaste. Après s’est initiée à la peinture, Forough Farrokhzad suit en 1959 des études cinématographiques en Angleterre.
En 1962, elle s’installe près de Tabriz pour tourner La Maison est noire dans la léproserie de Baba Baghi. Le film remporte le Grand prix documentaire au Festival Oberhaussen en 1964. Sur le tournage, elle rencontre Hossein Mansouri. Elle adoptera légalement l’enfant dont les parents sont soignés dans l’établissement. Des années plus tard, celui-ci consacrera un film sur sa relation avec sa mère adoptive. En décembre 1963, Forough Farrokhzad tient le rôle principal dans la pièce de Luigi Pirandello Six personnages en quête d’auteur sous la direction de Pari Saberi et publie Une autre naissance (1963). Ce cinquième recueil ouvre une nouvelle ère dans son travail poétique. Elle quitte progressivement une forme classique pour exprimer un regard plus personnel sur elle-même et la société. Ce que confirmera son dernier ouvrage : Croyons à l’approche de la saison froide en 1966.
Forough Farrokhzad est victime d’un accident de voiture le 13 février 1967 à 16h30 sur la route qui mène du Studio Golestan à Téhéran. Sa disparition provoque un profond choc. L’écrivain et cinéaste français Chris Marker lui rend hommage dans la revue Cinéma 67 en ces termes : « Elle avait 33 ans. Elle était faite à parts égales de magie et d’énergie, c’était la reine de Saba écrite par Stendhal. C’était surtout le courage. » (voir le texte entier de Chris Marker ici).
La Maison est noire est aujourd’hui considéré comme le point de départ du nouveau cinéma iranien. Kiarostami rendra hommage à la poétesse en 1999 en intitulant son film Le Vent nous emportera du titre d’un de ses poèmes et une autre poétesse et réalisatrice iranienne Granaz Moussavi renverra à son œuvre à travers un pèlerinage sur sa tombe et son portrait dans My Tehran for sale en 2009.
FILMOGRAPHIE
Khaneh siah ast (La maison est noire), de Forough Farrokhzad, 1963, 20 min
VIDEOS
// La Maison est noire, de Forough Farrokhzad, 1963
// Poème récité par Forough Farrokhzad
// La poète et le lépreux, documentaire réalisé par Hossein Mansouri, fils adoptif de Forough Farrokhzad