Réalisateurs — 20 septembre 2016 at 1 h 09 min

Rafi Pitts

1967, Mashhad,
Réalisateur, scénariste, acteur

Fils d’un père peintre anglais et d’une mère iranienne, décoratrice de théâtre et de cinéma, la renommée Malak Jahan Khazai, Rafi Pitts passe son enfance dans un appartement situé en dessous d’un studio de post-production. À 8 ans, il tourne dans un film pour enfants, Le Rossignol (1974) de Varuj Karim-Massihi. Après la Révolution et la guerre, sa mère et lui quittent le pays pour la France. Puis, il part en Angleterre étudier la photographie et le cinéma à l’école Polytechnique de Londres. Il revient à Paris où il travaille comme assistant réalisateur, notamment de Jacques Doillon pour Le jeune Werther (1992).

En 1991, il réalise son premier court métrage En exil, suivi en 1994 de Salandar qui reçoit le Prix Spécial du Jury du Festival de San Francisco et le Grand Prix du court métrage du Festival de Belfort. Son premier long métrage, La Cinquième Saison, sur un scénario de Bahram Beyzaï, représente l’Iran au 54^ème Festival International de Venise. En 2000, Sanam obtient le Prix Spécial du Jury au 49^ème Festival de Mannheim-Heidelberg. En 2003, Rafi Pitts réalise le documentaire Abel Ferrara : Not Guilty pour la série « Cinéma, de notre temps », révélant une de ses sources d’inspiration : le cinéma américain indépendant incarné par Abel Ferrara mais aussi par John Cassavetes. Après C’est l’Hiver en 2006, le cinéaste tourne The Hunter dont il tient le rôle principal. Le film est contemporain des manifestations qui éclatèrent en Iran en juin 2009 après la réélection contestée de Mahmoud Ahmadinejad. L’omniprésence de la couleur verte, un sentiment de rage et d’oppression permanente traversent le film qui résonne avec l’actualité la plus immédiate. L’engagement du cinéaste à Berlin en faveur du mouvement de protestation que connaît le pays rend son retour en Iran impossible.

En 2011, il participe au film collectif 60 Seconds of Solitude in Year Zero auquel contribue également Amir Naderi. L’année suivante, il fait une apparition remarquée dans le film Argo (2012) de Ben Affleck où il tient le rôle d’un diplomate iranien en pleine crise des otages délivrant un visa d’entrée dans le pays à un groupe d’Américains.

En 2016, le réalisateur signe Soy Nero, sa première fiction tournée en-dehors de l’Iran. Le film s’intéresse à la situation des « green card soldiers », ces immigrés clandestins qui s’engagent dans l’armée américaine pour légaliser leur situation et obtenir la nationalité américaine. À travers ce sujet rarement abordé dans un film de fiction, Soy Nero pose la question de l’identité et de l’appartenance en suivant le destin d’un jeune mexicain. Il s’agit d’un des films les plus aboutis du réalisateur.