Ce mercredi 12 octobre sort en salle Sonita (2015), premier long métrage de la documentariste Rokhsareh Ghaem Maghami qui retrace sous la forme d’un portrait émouvant l’itinéraire de Sonita Alizadeh, jeune fille afghane réfugiée en Iran, et dont la passion pour le rap la conduit jusqu’à une école d’art dans l’Utah faisant d’elle une porte-parole des jeunes filles mariées de force en Afghanistan et ailleurs, une situation qu’elle avait dénoncé dans son clip « Dokhtar Foroushi » (« Mariées à vendre », voir le clip plus bas).
Le film suit les différentes étapes de son évolution de ses rêves d’adolescente où elle se fantasme en fille de Michael Jackson et de Riahna jusqu’à la naissance de sa chanson et l’enregistrement de son clip qu’elle conçoit d’un bout à l’autre pour traduire sa colère face à une situation qui fut à la fois la sienne et celle de ses camarades.
Si Sonita apparaît différente des autres jeunes filles, c’est par sa volonté de s’en sortir et par la voie qu’elle s’est choisie. Sa rencontre avec la réalisatrice se révèle déterminante. Une complicité se noue en effet entre les deux femmes. À tel point que Sonita passe derrière la caméra pour filmer la réalisatrice et lui poser à son tour des questions avant de diriger le clip de sa chanson.
Ce que filme la réalisatrice, c’est l’éclosion d’un talent. Le film montre les moments de joie mais aussi d’épreuve que doit traverser la jeune fille. La chanson qui la fait connaître amène la directrice de l’ONG, pourtant proche d’elle, à demander son départ de l’établissement. On la voit à plusieurs reprises avec sa soeur aînée qui porte le voile mais la soutient et sa nièce pour qui elle semble être un modèle et qui vivra très mal son départ.
Lors d’un voyage à Herat en Afghanistan où elle retrouve sa famille, elle découvre que sa chanson est connue de ses cousines mais aussi de son cousin qui chante ses paroles laissant entrevoir un espoir quand on sait que le mariage forcé est imposé par les hommes et que le frère de Sonita est opposé à ses désirs artistiques.
Rappelant aussi bien Les Chats persans que No Land’s song, Sonita donne à voir un combat pour la liberté qui est universel. Dans un entretien récemment donné par la jeune femme, on apprend qu’elle souhaite devenir avocate des droits des femmes et retourner en Afghanistan. Le combat de Sonita ne fait que commencer.