Ce mercredi 7 décembre sort en salle le documentaire The Music of Strangers (2015) de Morgan Neville qui suit sur plusieurs années la création et le développement du « Silk Road Ensemble », formation musicale initiée par le violoncelliste Yo-Yo Ma, regroupant des personnalités et des instruments venant des différents pays situés sur la route de la soie qui relie la Chine, l’Inde, la Perse, l’Afrique, le Moyen-Orient et la Méditerranée.
Le film permet d’entendre des instruments familiers aux scènes occidentales (le violoncelle, la clarinette, le banjo) ou moins connus (l’oud arabe, le pipa chinois, le kamancheh persan), il nous permet surtout de rappeler les terres de culture que sont la Chine, la Syrie ou l’Iran, malgré l’Histoire tragique qui nous est rappelée à travers l’itinéraire des différents musiciens.
En effet, c’est une traversée de l’Histoire de la seconde moitié du 20ème siècle jusqu’à aujourd’hui qu’offre le film, de la révolution culturelle chinoise de 1966 au 11 septembre 2001 à New York, du Mouvement vert en Iran en 2009 à la guerre en Syrie en 2011. Parmi ces musiciens, aux côté de Kinan Azmeh (Syrie), Wu Man (Chine), ou Cristina Pato (Galicie), on trouve Kayhan Kalhor (Iran), joueur de kamancheh, contraint à l’exil après la révolution de 1979, puis à nouveau après 2009 alors qu’il était retourné en Iran en 2002. À travers son destin, c’est le sort réservé aux artistes iraniens qui nous est rappelé.
« Curiosité, créativité, générosité, passion » sont les mots d’ordre de la formation et s’incarnent parfaitement en Yo-Yo Ma qui s’est intéressé très tôt à la musique venant d’ailleurs.
Dans un montage alternant portraits personnels, archives historiques, répétitions et performances, le film offre un véritable état du monde.
Comme le dit Yo-Yo Ma : « Au début, nous étions un simple groupe de musiciens se réunissant de temps en temps et observant ce qu’il se passait lorsque des étrangers se rencontrent. » The Music of Strangers nous fait entrer dans cette aventure qui devient la nôtre : comprendre par l’art ce qui relie les peuples au-delà des différences.