Ce mercredi sort en salle le cinquième long métrage de Mani Haghighi, Valley of Stars. Présenté au dernier festival de Berlin, le film tisse les fils d’une histoire politique et fantastique où se répondent les genres et les temps. L’action se situe sur l’île de Qeshm connue pour ses rites et cérémonies de transe. C’est dans cet état que nous plonge le film avec virtuosité.
En effet, appelé pour enquêter sur le suicide d’un prisonnier politique, le détective Babak Hafizi est témoin d’un phénomène étrange : un tremblement de terre s’est produit dans le cimetière après l’inhumation du corps. Décidé à éclaircir cette affaire, il mène son enquête avec l’aide d’un géologue et d’un ingénieur du son attiré par les silences. Un homme, rescapé d’une autre secousse, lui délivre une prophétie en allemand : « Un Dragon arrive ! »
Courant sur deux générations, le récit évoque aussi bien le régime du Shah et sa police politique (la tristement célèbre SAVAK) que la révolution et la guerre Iran-Irak à travers le personnage de Valieh, le nouveau-né dont on apprendra le destin. Mani Haghighi joue sur des images à la fois familières et déconcertantes. Ainsi un navire échoué dans le désert sur l’île de Qeshm, et auprès duquel se trouve un cimetière, fait l’effet d’un collage. Le film souligne qu’une part de magie subsiste dans toute histoire.
S’il brouille allégrement les pistes, Valley of Stars contient toutefois suffisamment d’éléments pour donner envie de mieux connaître l’Histoire passée et présente de l’Iran. Portée par la musique de Christophe Rezaï et par la voix d’Ali Mossafa qui rapporte les paroles du défunt, cette oeuvre, qui glisse du politique au policier et du poétique au fantastique, trouble et aiguise l’attention du spectateur. Bienvenue dans la « Vallée des étoiles » !
Voir notre entretien avec le réalisateur ici.