Actualités — 19 février 2018 at 14 h 58 min

Sortie en salle de « Cas de conscience » (2017) de Vahid Jalilvand

MV5BYjg3ZDgwM2ItNGY2Ny00ZTYxLWE1MjMtZDc1ZjIxMjJkNjU1XkEyXkFqcGdeQXVyMjYyMjY1MTc@._V1_Ce mercredi 21 février sort en salle Cas de conscience (2017) de Vahid Jalilvand. À l’image de son premier film, Mercredi 9 mai, inédit en France mais sélectionné à la Mostra de Venise en 2015 où il remporta le Prix Fipresci de la critique internationale, Cas de conscience fut programmé à Venise en 2017 dans la section Orizzonti, recevant le prix du meilleur réalisateur pour Vahid Jalilvand, également co-scénariste et co-monteur du film, et du meilleur acteur pour Navid Mohammazadeh. Drame social à la tension palpable, le film évoque à bien des égards Une Séparation. On retrouve, en effet, dans les deux films, deux couples de deux milieux sociaux différents, une personne âgée hospitalisée, l’histoire d’un enfant. Mais le propos de l’oeuvre est différent à l’image de la société iranienne d’aujourd’hui.

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Cas de conscience commence par un accident de la route. Percutée par un chauffard, la voiture du médecin Kaveh Nariman entre en collision avec la moto de la famille Khanroudi. Immédiatement, le médecin se montre responsable vis-à-vis de la famille et plus particulièrement de l’aîné des deux enfants, Amir-Ali. Une relation de quelques minutes se noue entre le médecin et le jeune garçon, âgé de huit ans, qu’il prend en affection. Le lendemain, en reprenant son service, Nariman apprend le décès de l’enfant. Lui dont le métier implique le contrôle de soi perd tous ses moyens. Que s’est-il passé ? Qui est responsable de cette mort ? La question hante le film sans qu’une réponse définitive ne soit donnée.

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À travers son intrigue, Vahid Jalilvand insiste sur les relations entre deux couples : Moussa et Leila, parents d’Amir-Ali, et Kaveh et Sayeh, le médecin et sa compagne également médecin. On remarque que les deux personnages féminins se définissent par leur exigence de vérité et leur refus de cacher leurs sentiments à l’inverse des deux personnages masculins. Une des scènes les plus troublantes du film montre Moussa pleurer seul adossé à un mur la perte de son fils, lui qui refusait de montrer sa douleur devant sa femme. Ce refus d’assumer leurs sentiments conduit Moussa et Kaveh à se montrer résignés autant qu’excessifs, cherchant tous deux à se rendre coupable de crimes qu’ils n’ont peut-être pas commis, comme une forme d’expiation.

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Les deux hommes semblent en effet hantés par la fatalité. Ce qui n’est pas le cas des personnages féminins. En ce sens, Cas de conscience porte un vrai regard sur l’état d’un pays, notamment sur la situation des femmes. Il y a un véritable prolongement entre Leila et Sayeh. Il est intéressant de noter que le réalisateur à donner au personnages incarné par Hedieh Tehrani dont le prénom dans le film « Sayeh » signifie « Ombre », le même patronyme que celui véritable de l’actrice qui joue Leila, Zakieyeh Behbahani, comme pour lier les deux actrices ainsi que la fiction et le documentaire.

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La part documentaire du film est d’autant plus troublante qu’elle touche la situation économique de l’Iran qui souffre d’un embargo qui n’est toujours pas entièrement levé et par une gestion désastreuse de l’économie. Le discours que tient Moussa à l’usine tenant dans ses mains deux poulets morts est un « J’accuse » inoubliable. Cas de conscience confirme après Un homme intègre de Mohammad Rasoulof, la capacité du cinéma iranien à aborder la réalité la plus actuelle par des formes cinématographiques.

Voir aussi « Regard(s) de Bamchade Pourvali sur « Cas de conscience » (2017) de Vahid Jalilvand ».