Ce mercredi 7 octobre sort en salle le deuxième long métrage de fiction de Massoud Bakhshi, Yalda, la nuit du pardon, grand prix du jury au festival de Sundance en janvier 2020. L’oeuvre, inspirée de faits réels, se déroule lors de la fête de Yalda, le 21 décembre, célébrant le solstice d’hiver. Le récit a pour cadre un studio de télévision et montre les contradictions d’une société où la tradition se mêle à la modernité créant un contraste et un malaise permanent.
En effet, si l’Iran est le pays qui pratique le plus grand nombre d’exécutions capitales au regard de sa population, la loi islamique accorde cependant aux familles la possibilité de gracier le condamné à mort, convertissant la peine en une somme d’argent. Le film met en scène cette grâce éventuelle en suivant le déroulement d’une émission de télévision qui oppose Maryam, 22 ans, accusée d’avoir tué accidentellement son mari, Nasser, 65 ans, et Mona, la fille du défunt qui connaît Maryam depuis son enfance, celle-ci étant la fille du chauffeur de la famille. Le mariage de Maryam lui ayant été imposé, les soupçons d’un assassinat pèsent sur elle.
Le choix de confier au monteur et comédien Babak Karimi le rôle du producteur est révélateur. C’est lui qui tient les rennes du jeu faisant monter et redescendre la pression.
Tout en s’inscrivant dans le contexte iranien, le film interroge notre rapport aux médias. On pense à certains films qui, dans les années 1980, annonçaient le monde qui est le nôtre : La Mort en direct (1980) de Bertrand Tavernier, Le Prix du danger (1983) d’Yves Boisset, Masques (1987) de Claude Chabrol. Le film de Massoud Bakhshi peut être considéré comme leur équivalent.
Si le film peut parfois donner le sentiment d’utiliser les mêmes ressorts que la télévision, son propos est cependant plus complexe. En effet, en passant de la régie au plateau et des coulisses au monde extérieur, il nous révèle l’envers du décor. Ce n’est certainement pas par hasard si la plus belle et inattendue scène du film a lieu à l’abri des regards soulignant l’importance de l’intimité que le cinéma préserve.