Présenté au dernier festival de Cannes dont il fut le grand oublié du palmarès, Leila et ses frères de Saeed Roustaee sort en salle ce mercredi 24 août. À travers ce troisième long métrage, le réalisateur de La Loi de Téhéran confirme sa maîtrise technique qui s’exprime par le souffle donné aux scènes de foule tout en retrouvant la dimension familiale de son premier film, La vie et un jour, toujours inédit en France.
Situant son action dans la réalité de l’Iran d’aujourd’hui en prise aux sanctions économiques après le retrait des États-Unis de l’accord sur le nucléaire, Leila et ses frères nous montre le destin d’une famille dont le père Esmaïl (Saeed Poursamini) espère obtenir le titre de parrain de la communauté, un an après le décès d’un de ses cousins.
De son côté, Leila, unique fille d’une fratrie de cinq enfants, cherche à convaincre ses frères de s’associer avec elle pour monter une affaire dans le centre commercial où elle travaille. Non-mariée, sans enfant, elle est la mal aimée de son père, obsédé par l’idée d’avoir un petit-fils après avoir eu cinq petite-filles. C’est en voyant la situation de ses frères : Parviz (Farhad Aslani), Alireza (Navid Mohammadzadeh), Farhad (Mohammad Alimohammadi) et Manoucher (Payman Maadi) que la jeune femme imagine une solution pour les tirer d’affaire. Alireza est celui dont elle est le plus proche et qui, paradoxalement, est le plus fidèle aux désirs de son père. Le film repose en grande partie sur les échanges entre la soeur et le frère que ce soit sur le toit-terrasse de leur maison, dans les rues de Téhéran ou dans une salle d’attente.
Il fallait une comédienne comme Taraneh Alidousti pour incarner le rôle de Leila. Elle seule pouvait s’immiscer dans le groupe d’acteurs habituel du réalisateur pour devenir un élément moteur. Tenant tête à son père, éclipsant sa mère, son personnage laisse le spectateur abasourdi par ses actions et son franc-parler.
À travers ce nouveau film, le jeune cinéaste de 32 ans poursuit sa radiographie de la société iranienne.