Étoile d’or au festival international du film de Marrakech et Grand Prix du Jury du dernier festival d’Angers, Chevalier noir, qui sort sur les écrans ce mercredi 22 février, est le premier long métrage d’Emad Aleebrahim Dehkordi.
Habité d’une grande intensité, le film s’intéresse au destin de deux frères, Iman et Payar, qui vivent seuls avec leur père après le décès de leur mère. Bien que proches et complices, tout semble les séparer dans leur choix de vie. Rêvant de devenir champion de boxe thaïlandaise, Payar se montre plus discipliné que son aîné qui rêve d’argent facile et d’excès en tous genres au volant de sa moto.
L’oeuvre se déploie à travers les rencontres des deux frères avec les résidents du quartier aisé de Shemroon au Nord de Téhéran. Le film offre un portrait de la jeunesse iranienne entre retour au pays et exil intérieur. Se référant à la mythologie persane, Chevalier noir évoque aussi À l’Est d’Eden (1955) d’Elia Kazan dans sa mélancolie d’un paradis perdu. Le film ne s’inscrit pas moins dans le présent le plus contemporain.
Réalisé au moment des élections présidentielles de 2021, alors que le pays subi de plein fouet la crise du Covid, le récit des deux frères nous éclaire sur différents aspects de la société iranienne : ses interdits, l’individualisme, le désir d’échapper à la pesanteur mais aussi le choc salvateur qui permet de sortir de l’aveuglement et de renouer avec une solidarité que l’on croyait perdue. Tout n’est qu’héritage lit-on au terme d’un film porté d’un bout à l’autre par un souffle épique.