Ce mercredi 15 mai sort sur les écrans Là où Dieu n’est pas, le second volet du diptyque de Mehran Tamadon sur la torture en Iran, ouvert avec Mon pire ennemi, disponible en salle depuis une semaine.
Pour ce second film, le cinéaste interroge trois anciens prisonniers iraniens exilés en France : Taghi Rahmani, Homa Kalhori et Mazyar Ebrahimi. À travers leur témoignage, il reconstitue dans des hangars et des caves désaffectés leurs conditions de détention. Jusqu’où peut-on documenter la torture ? Ces actes rejoués peuvent-ils ébranler les bourreaux ? D’autres cinéastes ont tenté de répondre à ces questions comme Rithy Panh ou Joshua Oppenheimer. Ce qui rend le film de Mehran Tamadon différent est que les scènes représentées, même remontant à plusieurs décennies, continuent à s’appliquer en Iran, de manière plus violente encore. « Nous, nous avons eu de la chance, dit Taghi Rahmini, nous avons survécu ».
Au-delà de la banalité du mal, le film met en lumière la dimension cachée d’un système politique où le lit de torture se trouve dans la même pièce qu’une table de ping-pong, où les détenues sont placées dans des cercueils et où les cellules d’isolement se limitent à trois mètres de long. La présence de mannequins donne au film une dimension glaçante montrant comment les condamnés sont déshumanisés.
Entrepris après le début du tournage de Mon pire ennemi, Là où Dieu n’est pas permet une prise de conscience radicale d’une réalité qui détermine le combat aujourd’hui des Iraniens pour la liberté. « Voici qui sont nos hommes pieux », dit Mazyar Ebrahimi après avoir rappelé la phrase d’un tortionnaire qu’il implorait au nom de Dieu : « Ici, Dieu n’est pas ».