Présenté au festival de Venise en 2023, le documentaire Le soleil se lèvera d’Ayat Najafi qui sort sur les écrans ce mercredi 12 mars s’inscrit dans la continuité de ses deux premiers longs métrages Football Under Cover (2008) et No Land’s song (2014) où le cinéaste et metteur en scène iranien vivant en Allemagne cherchait à dépasser les lois imposées par l’apartheid de genre en Iran.
Si les deux premiers films portaient l’espoir d’un changement progressif en misant sur l’ouverture au monde à travers un match de football féminin opposant l’équipe nationale iranienne à un club de Berlin ou la préparation d’un premier et seul concert de femmes depuis l’avènement de la République islamique en 1979, réunissant des chanteuses iraniennes, françaises et tunisiennes, Le soleil se lèvera prend place durant le soulèvement « Femme, vie, liberté » à travers une troupe de théâtre décidant de monter clandestinement la comédie d’Aristophane Lysistrata, l’une des premières pièces féministes de l’histoire.
Utilisant le décadrage, le noir et blanc dans certaines scènes ou le flou, le cinéaste, sans jamais révéler le visage de ses comédiens, saisit l’énergie qui parcourt le pays en ce mois de janvier 2023 mais aussi les doutes et les inquiétudes d’une jeunesse. Retrouvant la forme du dispositif et de la mise en abyme présents dans le cinéma iranien des années 1990 et 2000, Le soleil se lèvera souligne la tension entre l’extérieur et l’intérieur, les rues, le métro et la salle de répétition.
La forme métaphorique que prend le film dans le désir d’affirmer la liberté des corps mais aussi la dimension de rushes donnent au long métrage un statut particulier, celui d’un film en train de se faire sur une révolution en cours où se lit l’expression d’une rupture marquant la fin de la croyance en un changement sans heurt avec, comme seule certitude, la phrase qui donne son titre au film.